Le “Big Stay”, les congés pour “temps de trajet responsable”, le “tourisme de la dernière chance”, l’arbitrage entre démocratie et bien-être, la force économique des TPE, le succès de l’offre Netflix avec publicité, le rallongement du JT de France 2, Cabane et le stand-up de Xavier Niel … Elles ont fait (ou pas) l’actualité, voilà la veille des idées de ces dernières semaines.
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NOUVEAU MONDE DU TRAVAIL
Aux États-Unis, après le “Big Quit”, le “Big Stay”
Vous vous rappelez du “Big Quit”, la vague de Grande Démission des salariés post-COVID ? Selon le Wall Street Journal, cette période est révolue, et ce par la conjonction de deux phénomènes. D’une part, les salariés américains sont moins nombreux à vouloir changer d’emploi : d’après un sondage réalisé par Robert Half, une agence de recrutement, 35% des adultes américains envisagent de chercher un autre emploi au deuxième semestre, contre 49% il y a un an. D’autre part, le taux de satisfaction professionnelle est en hausse : 77% des salariés américains affirment être satisfaits de leur emploi et 85% bénéficier d’un bon équilibre entre vie professionnelle et vie privée.
Ce revirement est encore plus marqué chez les plus jeunes : le nombre de membres de la génération Z songeant à chercher un nouvel emploi au second semestre 2024 est tombé à 44%, contre 74% l’année dernière, selon les recherches de Robert Half. Quant à la génération qui les précède, la proportion de millennials envisageant de changer de travail est passée de 63% à 45%.
Cette diminution du rythme des démissions s’accompagne par ailleurs d’un ralentissement du nombre d’offres d’emplois de” cols blancs” et d’une réduction du niveau de rémunération des nouvelles recrues. Au final, l’humeur actuelle du marché du travail est si différente que certains économistes parlent de “Big Stay”, ou “grande pérennité” !
On ne peut qu’être surpris de la rapidité du retournement … la question, pour les DRH comme pour les dir com’ en charge de la marque employeur, nous semble être la suivante : est-ce un retour “à la normale”, ou le signe que les mouvements de balancier vont se multiplier dans les années à venir ?
Sous la pression d’un boycott, Jack Daniel’s revient sur ses politiques en matière de diversité et d’inclusion
En 2020, aux lendemains du mouvement “Black Lives Matter”, Jack Daniel’s avait annoncé la mise en place de politiques favorisant l’accès à l’emploi de femmes et de minorités.
Voilà plusieurs semaines, lit-on dans Le Figaro, que l’activiste conservateur américain Robby Starbuck, suivi par plus de 500 000 personnes sur le réseau social X, lance de multiples appels à boycotter les entreprises qui adoptent ce type de politiques, jugées “woke”, et à faire pression sur elles via LinkedIn ou X en les inondant de messages.
Fin août, Elizabeth Conway, porte-parole de Jack Daniel’s, a déclaré que la célèbre marque de whisky avait décidé de faire “évoluer sa stratégie en matière de diversité et d’inclusion”. Et de préciser : “le monde a évolué, notre activité a changé et le paysage juridique et externe a changé de manière spectaculaire, en particulier aux États-Unis”. Dans la foulée, Harley-Davidson a annoncé qu’elle mettait fin, à son tour, à ses politiques en faveur de la diversité et à d’autres initiatives progressistes au sein de l’entreprise : l’enseigne avait été, elle-aussi, la cible de Robby Starbuck.
A l’annonce de cette nouvelle, l’activiste de mener à bien sa “mission”. “Nous forçons désormais des organisations de plusieurs milliards de dollars à modifier leurs politiques sans même les publier, simplement par peur d’être la prochaine entreprise que nous dénonçons”, s’exclame-t-il, avant de poursuivre : “Nous sommes en train de gagner et, un par un, nous ramènerons la raison dans le monde des affaires américain.”
Une des façons d’analyser la multiplication de ces retours en arrière sur les politiques DEI (Diversity, Equity and Inclusion) aux Etats-Unis, est que cela fait le tri dans les marques qui se disent être “engagées”. Avec la fin de l’ère de “l’engagement obligatoire”, le consommateur pourra de nouveau avoir une vision plus fine de quelle marque s’engage vraiment et quelle marque ne s’engage pas vraiment.
Un nouveau congé pour “temps de trajet responsable”
Dans Le Monde, on découvre l’émergence d’un dispositif RH, mis en place par plusieurs entreprises pionnières : proposer à ses salariés un congé pour “temps de trajet responsable”. Le principe est simple : offrir un à deux jours supplémentaires de congés afin de leur donner le temps de prendre des transports moins émetteurs en carbone, mais plus lents.
C’est le cas de Ubiq, filiale de Nexity spécialisée dans le partage des bureaux, qui a mis en oeuvre cette pratique depuis six mois. Avec un taux de recours qui a dépassé toutes les attentes, de l’ordre de 50 % des collaborateurs : “Au départ, nous pensions que le potentiel se bornerait à nos trente-sept collaborateurs et à quelques dizaines de vols évités par an, mais cela pourrait concerner plusieurs milliers de salariés” témoigne Mehdi Dziri, le directeur d’Ubiq.
“Cela peut constituer un déclic pour ceux qui veulent voyager de manière plus écoresponsable mais qui hésitent parfois encore à le faire”, constate Julian Guérin, président de la start-up sociale Vendredi, qui a mis en place un dispositif similaire au premier semestre 2023.
N’est-ce pas exactement le genre de politique RH avant-gardiste que les salariés attendent ? On peut imaginer que ce type d’initiative permet en effet d’améliorer le bien-être, le recrutement et la fidélisation des employés, et de démontrer l’engagement climatique de l’entreprise, à la fois en interne et en externe. Jackpot !
SIGNAUX FAIBLES
Le “tourisme de la dernière chance”
Dans un article du New York Times, on apprend que la fonte des glaciers aurait popularisé une nouvelle forme de voyage : le last chance tourism, ou "tourisme de la dernière chance". Le principe, c’est de visiter des écosystèmes fragilisés et menacés sur le moyen terme par le réchauffement climatique.
C’est ainsi que des pays comme l’Islande bénéficient d’un véritable boom touristique : chaque année, 500 000 personnes font le trajet pour observer, par eux-mêmes, un glacier islandais menacé de disparaitre sur le moyen terme.
“The guests feel like it’s important that they bring their kids because it’s a very stark reminder when they’re standing with their 10-year-old and they’re, like, you may be the last generation to stand on this glacier”
Une pratique pénalisante pour la préservation des sites visités, et qui s'avère également dangereuse pour les voyageurs eux-mêmes : début septembre, un touriste américain est mort lors de la visite d’un glacier en fonte.
Alors que les conséquences du réchauffement climatique sont souvent difficilement appréhendables, tant ses effets en chaine sont dilués dans le temps, tout se passe comme si le “tourisme de la dernière chance” était une façon de prendre conscience de la réalité de ses effets, en les rendant visuellement très concrètes. Le tourisme de la prise de conscience (“Look up!”) ?
Les Français préfèrent le bien-être à la démocratie
Toutes les enquêtes comparatives montrent un fort attachement à la démocratie dans les pays européens : en France, 85% des enquêtés estiment qu’avoir un régime démocratique est une bonne chose (et 83% des Allemands, 89% des Italiens). En théorie, donc, la démocratie constitue le socle normatif intouchable des sociétés développées : mais jusqu’où va la défense de la démocratie ?
Pour le vérifier, le chercheur Luc Rouban a analysé, dans une enquête conduite par le CEVIPOF, l’arbitrage que les citoyens font entre la démocratie et le bien-être économique, en France, en Allemagne et en Italie. Le dispositif consistait à leur demander de se positionner sur une échelle allant de 0 à 10, le 0 indiquant une préférence absolue pour la démocratie et le 10 pour le bien-être économique.
Premier résultat : c’est en France que le choix prioritaire donné à la démocratie sur le bien-être est le plus rare (37% vs 39%). Moins d’un enquêté sur deux affirme préférer un régime démocratique à un régime moins ou peu démocratique qui augmente ses possibilités d’enrichissement ou de bien-être.
Le second résultat, c’est que “la mobilité sociale ou l’amélioration de la condition économique viennent davantage en soutien de la recherche du bien-être que de celle de la démocratie”. En France comme en Allemagne, plus les enquêtés sont aisés, plus ils préfèrent le bien-être à la démocratie. En France, la dynamique sociale est importante : 62 % de ceux qui estiment que leur situation s’améliore préfèrent le bien-être, et 26 % seulement préfèrent la démocratie. En revanche, ceux qui se sentent en perte de vitesse préfèrent la démocratie à 38 %, et le bien-être à 37 %.
On aboutit à cette idée paradoxale selon laquelle la dynamique sociale engendre … une méfiance vis-à-vis de la démocratie. Ces analyses sont recoupées, d’une part, par celles autour de la “sécession des riches”, et d’autre part, par l’exemple emblématique de la Chine : longtemps, on a pensé que la croissance des richesses allait mécaniquement déboucher sur un éveil démocratique de la population - or, pour l’instant, ce dernier semble rester minoritaire. La publicité des Trente Glorieuses avait glorifié l’idée selon laquelle l’accès au confort serait un moteur du Progrès (social, humain, et démocratique) : et si tout était à revoir ?
COMMERCE
La force économique des TPE
Dans une note pour le think tank Institut Terram, Nicolas Portier s’est penché sur la place des très petites entreprises (TPE) dans l’économie française. Souvent diluées dans l’acronyme “micro-entreprises”, qui regroupe des réalités économiques très hétérogènes, les TPE correspondent à une famille d’entreprises comportant moins de 10 salariés et qui réalisent moins de 2 millions de chiffre d’affaires.
Ainsi définie, les TPE sont au nombre de 1,2 million en France, en forte progression au cours de la décennie, et réunissent plus de 3,6 millions de salariés - soit un cinquième des emplois du secteur marchand.
L’étude montre que le tissu des TPE joue “un rôle de couche protectrice pour les économies locales et contribue à amortir les chocs des crises”. Démentant de nombreux pronostics, la crise sanitaire et les confinements successifs n’ont pas provoqué une explosion de la sinistralité - et ce, essentiellement grâce aux prêts garantis par l’État (PGE), qui se sont élevés à 131 milliards d’euros pour 654 000 entreprises, dont 89 % de TPE.
Les TPE sont surreprésentées dans les secteurs du commerce, du transport, de l’hébergement-restauration et de la construction - et cela constitue le premier facteur favorable à l’essor des TPE : ce sont des activités “localo-centrées”, i.e. composées d’acteurs économiques préservés de la compétition internationale, abritant des emplois de proximité.
D’un point de vue territorial, les TPE “ont l’immense mérite de prospérer partout en France et d’avoir été créatrices nettes d’emplois dans la plupart des territoires, aussi bien au sein des métropoles ou des agglomérations de taille moyenne que des bassins de vie plus ruraux” : en cela, elles participent d’une forme de redistribution de l’activité économique à l’échelle nationale.
Force est de constater que si les articles et les newsletters débordent d’analyses de la communication des grandes marques ou des start-up, on sait peu de choses sur la com’ des TPE, qui est complètement hors radar. Comment communiquent-elles à leurs clients, à quelle esthétique répondent-elles, etc ? Par ailleurs, l’éloge du “petit commerce” constitue un formidable gisement de communication pour les grandes marques - qui pourraient, ainsi, valoriser le tissu de leurs fournisseurs, distributeurs, etc. C’est ce qu’avait tenté Alibaba il y a six ans, dans une campagne intitulée “To the Greatness of Small” ⤵️
Nike: An Epic Saga of Value Destruction
Alors que l’entreprise vient de remercier son PDG, un ancien dirigeant de Nike est longuement revenu cet été sur les raisons du déclin marketing de la marque. Rappelons les chiffres : à l’occasion de la présentation de ses résultats 2023-2024, le numéro un mondial des chaussures et vêtements de sport a enregistré une croissance annuelle anémique de ses ventes (+ 1 %). Conséquence : le cours de bourse est au plus bas depuis 2018 (-32% depuis janvier 2024),
Les raisons sont nombreuses mais peuvent être résumées en un mot : l'hubris.
L'orgueil de marketeurs qui ont cru à leur propre fable de la love brand, convaincus que les “fans” de la marque les suivraient quoi qu’il arrive, quitte à devoir faire davantage d’efforts pour trouver et acheter des produits plus chers. Ils ont privilégié le DTC (la vente directe aux consommateurs, sur Internet) et réduit leur disponibilité dans le commerce de détail (Footlocker & co), en favorisant la valeur plutôt que le volume. “This is the history of a self-inflicted damage”, lit-on.
Le journal Le Monde insiste quant à lui sur l’incompatibilité culturelle entre Nike, numéro un mondial de la chaussure, et son désormais ex-PDG, John Donahoe, “un ancien consultant de Bain puis patron d’eBay, un homme de la tech, pas des baskets”. L’erreur aurait été de croire que le consommateur préférerait des baskets en vente direct sur internet plutôt que dans les distributeurs physiques traditionnels : “en matière de mode, il est risqué de perdre de vue sa clientèle” …
Byron Sharp est souvent décrié, mais toute cette histoire valide, une fois de plus, son équation : disponibilité physique + présence à l’esprit = argent.
Compétition sportive et consommation
Dans la newsletter du mois de mai, le sujet avait fait l’objet d’une brève intitulée « En Allemagne, le football sauvera-t-il la bière ? » The Drinks Business répond partiellement à la question et nous apprend que sa consommation a explosé pendant l’Euro 2024… à bord des trains ! Dans un article publié sur Franceinfo, le journaliste Sébastien Baer ironise et explique le phénomène par une volonté des supporters d’oublier “les légendaires retards de la Deutsche Bahn” :
« Entre le 14 juin, date du coup d'envoi du tournoi, et le 19 juin, le service ferroviaire aura été utilisé par trois millions de personnes, et 44 588 litres de bière ont été consommés à bord, soit environ le double de la quantité habituelle. »
En France, une chose est sûre, l’Euro 2024 n’aura pas dopé les ventes globales des produits dits de « supporters » (bières et panachés, BRSA gazeuses, produits apéritifs, pizzas et snacks chauds). Le magazine LSA, à partir des données dévoilées par l’institut Circana, établit un constat en demi-teinte : « En grandes surfaces, durant les 5 semaines de l’Euro 2024 comparativement à la même période en 2023 mais sans compétition sportive, le chiffre d’affaires de ces catégories est en recul de 3,6 % ».
Un constat qu’il faut cependant nuancer car les jours de matchs de l’équipe de France, les ventes de bières et de panachés se sont envolées, notamment dans les magasins de proximité. Ce fut le cas le mardi 9 juillet (demi-finale), date à laquelle les volumes de ces deux breuvages ont été 27% supérieurs au niveau médian des volumes des mardis de mai à juillet 2023. Circana note aussi que les pizzas et snacks chauds salés ont largement bénéficié d’une météo capricieuse voire automnale.
Pour autant, malgré de belles audiences (16,1 millions de spectateurs devant le match opposant la France à l’Espagne), la compétition aura été globalement décevante tant pour les supporters d’une équipe de France peu inspirée que pour le marché de l’alimentaire et des boissons. Il faut reconnaitre que le contexte politico-économique n’était pas franchement propice à ripailler !
ACTUALITÉS MÉDIA
La révolution du streaming dans le sport
Cet été, l’hebdomadaire britannique The Economist a consacré sa une à la façon dont le streaming était en train de changer le sport.
Avec un constat de départ : à l’exception des JO et des Coupes du monde de football, le sport a jusqu’ici eu beaucoup de mal à se mondialiser. C’est ainsi que la National Football League (NFL) réalise 98 % de ses revenus issus des droits de diffusion sur son territoire, ou que la Premier League indienne de cricket génère 96 % de ses revenus sur son territoire. Dans le football européen, seule la Premier League anglaise rapporte davantage à l’étranger que dans son pays.
On rappellera que cette difficulté à l’export a été levée par d’autres industries du divertissement : depuis le début du XXe siècle, Hollywood a réalisé plus de la moitié de ses recettes au box-office à l’étranger, les chanteurs américains dépendent des auditeurs étrangers pour près d’un tiers de leurs diffusions en streaming et une grande partie de leurs ventes de billets de concert, et dans le domaine des jeux vidéo, les consoles japonaises et les applications chinoises ont séduit les joueurs du monde entier.
The Economist pointe deux révolutions. La première est du côté de l’offre : la diffusion sportive est en train de passer des chaînes nationales de télévision aux plateformes de streaming mondial. En décembre, Netflix offrira à ses 270 millions d’abonnés des matchs de la NFL. L’an dernier, Apple a commencé à diffuser la Major League Soccer (MLS) dans plus de 100 pays. L’idée, c’est qu’avec la diffusion mondiale, les fans auront la chance de voir de nouveaux sports.
La deuxième révolution est du côté de la demande. “Le principal obstacle à l’adoption d’un sport à l’étranger est que, contrairement à d’autres formes de divertissement, le public préfère regarder son équipe locale plutôt que la meilleure. Mais l’attachement des fans aux équipes cède peu à peu la place à leur dévotion aux athlètes individuels” note l’article. Les réseaux sociaux permettent aux joueurs de cultiver une communauté d’abonnés mondiale, attirant des fans sans aucun lien avec leur équipe, ni même avec leur sport. C’est ainsi que Lionel Messi a attiré de nouveaux publics vers la MLS non seulement grâce à ses six Ballons d’Or, mais aussi à son demi-milliard d’abonnés sur Instagram. Pour résumer : “à mesure que la communauté de fans devient plus intime et moins tribale, elle se découple de la géographie”.
Reste à voir si, dans les faits, le téléspectateur auvergnat se passionnera pour le championnat indien de cricket ou si, à l’inverse, l’habitant de New Delhi se prendra d’intérêt pour notre championnat de handball …
Netflix : 45% des nouveaux abonnés choisissent l’offre moins chère, avec de la publicité
À l’automne 2022, Netflix faisait le pari de la publicité pour conquérir de nouveaux abonnés, en lançant une offre d’abonnement nettement moins chère (5,99 euros par mois contre 13,49 euros), avec comme contrepartie le visionnage de spots publicitaires, allant de 15 secondes à une minute. À l’époque, ce bouleversement laissait sceptiques bon nombre d’observateurs. D’après les premiers résultats, communiqués par Le Monde, c’est un succès : “45% des nouvelles inscriptions s’effectuent, au niveau mondial, par ce biais, contre 55% qui optent pour l’option sans publicité” explique-t-on au sein du groupe.
Au siège parisien de Netflix, on précise que “le ciblage des annonceurs peut s’effectuer de façon très précise, selon toute une gamme de critères : par ville, par genre (film, série, drame… ) par classement d’audience (en ne choisissant, par exemple, que le top 10), par catégorie démographique, par horaire…”
Résultat : “Les plates-formes de streaming ressemblent de plus en plus à de la bonne vieille télévision et, à l’inverse, les chaînes de télévision tendent à se « plate-formiser » et à proposer des programmes à la carte”, écrit le journal.
Le succès de cette formule peut bien sûr s’expliquer par les contraintes sur le pouvoir d’achat, mais aussi par le rapport à l’argent qu’un consommateur est prêt ou pas à mettre dans tel ou tel abonnement. Sans doute qu’un nombre important de “spectateurs Netflix alternatifs”, ceux qui ne regardent la plateforme qu’occasionnellement, n’étaient pas prêts à y consacrer un budget de plus de 13 euros par mois …
Le 20H de France 2 rallongé
Depuis le 9 septembre, le JT de France 2 a connu une petite révolution : désormais, la chaine de télévision publique propose “une heure d’info” (contre 35 min auparavant), le tout afin de “prendre le temps” de “décrypter” un “monde complexe”, comme ils l’ont justifié lors d’une conférence de presse. La promesse : “prendre le temps de l’information”, avec “des reportages longs pour prendre le pouls de la société”, ainsi que “plus d’enquêtes”.
« On ne va pas choisir de traiter plus en nombre d’informations, mais de mieux les traiter. L’idée c’est d’allonger les sujets quand c’est nécessaire, avec des reportages à l’appui et plus de monde sur le plateau, comme des experts et des journalistes spécialistes. C’est de ne pas laisser seuls les gens face à une info qui est parfois complexe et souvent indigeste” (Alexandre Kara, directeur de l’information de France Télévisions)
Pour quels résultats ? Télérama a fait le calcul : comparée à la moyenne de la saison dernière, la première semaine de ce JT rallongé a vu ses audiences s’éroder d’environ cinq cent milles téléspectateurs en moyenne. “Selon nos informations, des ajustements devraient y être apportés tout au long des prochaines semaines, notamment pour ménager plus de respirations dans l’enchaînement des sujets, parfois difficiles et exigeants”.
Affaire à suivre !
CHAPEAU L’ARTISTE
Mercure - Supporter officiel de vos régions
Vous vous étonnez de ne pas voir beaucoup de contenus sur les Jeux Olympiques et Paralympiques ? C’est que la Cortex Newsletter y a consacré un hors-série spécial Paris 2024 - à retrouver ici !
Offrons-nous une dernière campagne, pour la route : celle de Mercure Hotels qui, à l’occasion de son partenariat officiel avec Paris 2024 (via le groupe Accor), a décidé de mettre en valeur la richesse des territoires français au travers d’une signature, bien trouvée : “supporter officiel de vos régions”.
Malin !
Ligue 1 - Football à la française
À l’occasion de l’ouverture de la saison 2024-2025, la LFP (Ligue de Football Professionnel) a dévoilé son premier film de marque jamais réalisé autour de la Ligue 1, avec un angle : jouer sur la rivalité historique avec le football anglais, et valoriser le “Football à la française”, nouvelle signature de marque de la Ligue 1.
Le film met en scène un fan de foot anglais, “kidnappé” par des Français dans un tour de France de club en club - un prétexte pour initier le spectateur aux spécificités de chacun : Paris, Marseille, Monaco mais aussi Lille, Lens et Toulouse.
Une prise de parole bienvenue qui s’inscrit dans une longue ligne lignée de campagnes, souvent orchestrées par des équipementiers sportifs, qui utilisent le football pour “raconter la France”.
Hinge - l’app de rencontre faite pour être supprimée
C’est la promesse historique de Hinge qui, au contraire d’autres applications de rencontre centrées sur la perpétuation d’un lifestyle célibataire, revendique haut et fort la volonté de rencontrer l’âme soeur.
Cela a donné lieu récemment à une jolie campagne d’affichage, déclinée dans plusieurs pays, qui raconte tous ces petits signes qui montrent qu’on a trouvé la bonne personne.
DERNIÈRES PARUTIONS
Un livre : Cabane (Abel Quentin, Editions de l’Observatoire)
En 2019, son premier roman, Sœur faisait se rencontrer le djihadisme et la classe moyenne périphérique ; en 2021, Le Voyant d’Étampes articulait cette fois-ci le “wokisme” et l’arrière-garde intellectuelle française. En cette rentrée littéraire, Cabane heurte l’environnementalisme avec le consommateur moyen ou capitaliste par défaut.
Au fond, toute l’œuvre d’Abel Quentin semble traversée par la cécité cognitive ou l’incapacité de l’homme à comprendre, à prendre conscience de l’avènement d’un phénomène inéluctable ; surtout et simplement parce que ça ne l’arrange pas vraiment.
En s’intéressant à la conception et à la réception du “Rapport Meadows” (Limits to Growth), publié en mars 1972, Abel Quentin abandonne le ricanement de son précédent roman pour un registre réaliste un peu plombant. Cabane se fait le récit de 50 années gâchées par notre inaction. Ainsi écrit-il : “Les milliards de gestes de consommation et de production sont des meurtres sans coupable, parce que personne n’est responsable du tableau d’ensemble, personne n’a pour projet personnel d’enlaidir le monde, encore moins de détruire la civilisation”.
Le tour de force d’Abel Quentin est de parvenir à nous éclairer sur les raisons tellement irrationnelles mais tellement humaines de cet aveuglement collectif. Des raisons qui peut-être pourraient se transformer en insights performatifs…
Extraits choisis :
C’est de voir des gens comme moi s’inquiéter qui m’avait décidé à m’inquiéter, à mon tour.
Tant que ceux qui s’inquiétaient ne me ressemblaient pas, je ne prenais pas les choses au sérieux
Tu connais la phrase de Groucho, « Qu’est-ce qu’elles ont fait pour nous, ces générations futures » ? C’était une boutade mais en réalité ce n’est pas si stupide que ça, c’est une vérité énorme si on réfléchit. La solidarité ne peut s’exercer qu’entre êtres humains vivants, Patty ! Tu ne peux pas être solidaire avec ce qui n’existe pas. C’est même rassurant quand on y pense, car il n’y a pas à se ronger les sangs, on peut profiter un peu
Il n’y a rien de plus monstrueux qu’une fonction exponentielle. Or, depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, nous sommes entrés dans une ère de croissance exponentielle. Mais nous ne nous en inquiétons pas, pour une raison très simple : le bon sens ne craint pas ce qu’il ne peut pas se représenter
À lire !
Un spectacle : Xavier Niel fait le show à l’Olympia
Le livre de Xavier Niel, « Une sacrée envie de foutre le bordel », sort en librairies ce mercredi. Ni hagiographique, ni journalistique, l’ouvrage prend le parti de retranscrire la conversation à bâtons rompus entre deux amis (Jean-Louis Missika l’a rencontré alors que la box de Free n’existait pas encore), pour mieux raconter le parcours d’un patron convaincu que les entrepreneurs changent plus la vie que les chefs d’État.
Et les exemples ne manquent pas : de l’École 42 pour l’éducation, à la création de Station F pour l’innovation, en passant par Free et son forfait à 2 euros pour le pouvoir d’achat… Le patron d’Iliad égraine nombre d’anecdotes savoureuses, comme le jour où la visite de l’École 42 par François Hollande mettra en panique le service de sécurité de l’Élysée, qui découvre, en préparant le déplacement, que 25% des étudiants y ont un casier judiciaire.
Pour l’occasion, Xavier Niel s’est offert un show unique sur la scène de l’Olympia, mêlant des conseils entrepreneuriaux non dénués de second degré, récit personnel, et sketchs pré-enregistrés avec des influenceurs, devant un parterre conquis d’avance. La couverture du livre, d’un orange flash et en typographie helvétique, reprend tous les codes du logo d’Orange… Comme un nouveau pied de nez à ses meilleurs ennemis. Iconoclaste, jusqu’au bout.
Un podcast : L’affaire Telegram (Les Éclaireurs du numérique)
Alors qu’on a beaucoup parlé de l'affaire Telegram et de Pavel Dourov depuis la fin de l'été, ce podcast aborde deux aspects passionnants qui sont peut-être passés sous votre radar.
Tout d'abord, les enjeux géopolitiques dans le triangle France-Russie-Émirats arabes unis, les relations d'Emmanuel Macron avec l’application de messagerie étant anciennes et profondes. Dès sa création, le parti En Marche ! communiquait via Telegram, et le président de la République a accordé à Dourov la nationalité française, lui proposant même d'installer le siège social en France, dans l’espoir, sans doute, de dynamiser la start-up nation.
Au delà de cet angle mort de l'affaire en France, la réflexion porte principalement sur le projet Chat Control et la ligne de crête entre neutralité du Web, liberté d'expression et protection de la vie privée. La société française semble prête à sacrifier nos vies privées pour attraper des criminels, mais n'allons-nous pas abandonner toute protection de cette vie privée sous couvert de "sécurisation des réseaux" ? Il serait pour le moins délétère de considérer qu'une messagerie chiffrée ne puisse héberger que des conversations illégales. Dans bien des pays non démocratiques, il y a un lien étroit entre le chiffrement et les droits de l'homme. Si protéger la vie privée est un crime, alors est-ce que seuls les criminels auront une vie privée ?
C’est tout pour aujourd’hui ! Rendez-vous le mois prochain pour un nouveau numéro de la CORTEX NEWSLETTER.
En attendant, n’hésitez pas à vous abonner pour recevoir les prochains numéros directement dans votre boite mail.
super intéressant, merci